Aujourd'hui nous entrons en plein dans l'histoire - pas si lointaine - de la Lituanie.

Comme j'aime à le dire, nous ne sommes pas en vacances mais bien en voyage de découverte, d'apprentissage. Et cette journée a été un grand moment d'apprentissage, avec son lot d'émotions, pour les petits comme pour les grands.


Nous sommes donc allés visiter le Parc Grutas, pas très loin de la frontière entre la Lituanie, la Biélorussie et la Pologne. C'est un musée à ciel ouvert sur le thème de la Lituanie pendant l'ère soviétique, créé par Viliumas Malinauskas, ancien lutteur et riche entrepreneur lituanien.


Petit retour en arrière : à la fin de la 2è Guerre Mondiale, la Lituanie est à nouveau annexée par l'Union Soviétique et ne retrouvera son indépendance qu'au démembrement de cette dernière en 1990. A ce moment, tout ce qui peut rappeler la période soviétique est progressivement supprimé. Viliumas Malinauskas voyant cela pense qu'il n'est pas bon de faire disparaître un pan de l'histoire de la Lituanie et décide alors de récupérer des statues et autres objets afin de créer un musée. Ce ne sera pas seule facile car il se heurte à l'opposition de plusieurs personnes dont certains politiques. Il finit par récupérer 86 sculptures et monuments et plusieurs centaines d'objets liés à l'ère soviétique.

La Parc Grutas ouvre ses portes en 2001, une décennie après l'indépendance de la Lituanie.


Nous commençons la visite par l'aire de jeu typiquement soviétique avec ses vieux jeux en fer. C'est ancien certes mais très amusant ! On voit déjà quelques grosses statues. Le musée est aussi entouré de barbelés et miradors donnant l'illusion d'un camp de déportation.

Il y a aussi un mini zoo qui n'a rien à voir avec le musée.

Nous entrons ensuite dans le vif du sujet : une longue allée bordée de statues de Lénine et autres grands dirigeants soviétiques nous mène à un baraquement dans lequel se tient une première exposition. Dès que nous y entrons nous sommes dans l'ambiance. Bureau de vote, tribune, salon de lecture aux journaux et livres bien choisis et bibliothèque contenant des livres uniquement de l'idéologie communistes, les seuls disponibles à l'époque. L'occasion idéale pour expliquer aux enfants les élections à candidat unique et la dictature.


Un peu plus loin, dans un second baraquement plusieurs objets du quotidien sont exposés ainsi que de multiples médailles servant à récompenser la population méritante (et éviter ainsi de mieux les rémunérer). On nous explique le principe du stakhanovisme, qui consiste à être toujours plus productif et s'applique même aux animaux... Tant et si bien que voici l'histoire qui illustre bien la pression subite : un jour, une truie met bas 2 porcelets, le chef de la coopérative ne sait comment annoncer ça à ses supérieurs. Il décide de dire qu'il y a 4 porcelets. Le district annonce lui 6 porcelets. La région en annonce 8 et quand l'information arrive au plus haut niveau c'est 10 porcelets qui seraient nés ! Heureux de ce résultat, les dirigeants félicitent la coopérative et leur disent qu'ils ne prendront que 2 porcelets, laissant les 8 autres - malheureusement inexistants - aux coopérateurs...

La deuxième partie du baraquement est la plus prenante : 2 parties se font face : celle de droite expose la vraie vie des lituaniens, les oppressions qu'ils subissent, 700 000 d'entre eux seront exilés, l'élite de la population étant exilée en Sibérie. Les opposants au régime sont exécutés et leurs corps exposé plusieurs jours sur la place de leur village pour dissuader quiconque de suivre leur exemple...

Sur le mur de gauche le contraste est saisissant : les coupures de presse et autres images faisant l'apologie du régime, montre le soit-disant bonheur de la population...

La leçon est immense. C'est tellement fort en émotion que Lison en a des nausées...

Nous ressortons du bâtiment et continuons dans les allées de statues. Les dernières représentent les leaders soviétiques lituaniens.


Nous finissons la visite en repassant par l'aire de jeu et le mini zoo, histoire de se détendre un peu, puis nous reprenons la route direction un  nouveau pays : la Pologne !